Titre

Quand ils sont venus

Auteur(s)

POULIN, Andrée

Illustrateur(s)

CASSON, Sophie

Éditeur

Éditions de l'Isatis

Année

2024

Lectorat visé

À partir de 11 ans

Genre littéraire

Albums Contes/Récits

Drapeau du Québec

Extrait

« Quand les Sans Entrailles sont venus chercher les Loups, mon grand-père n’a rien dit.

Il n’a rien fait.

Il n’était pas un Loup.  Ce n’était pas ses affaires.

Tu me demandes pourquoi mon grand-père n’a rien dit?

Pourquoi il n’a rien fait pour aider les Loups?

Eh bien, la raison est simple : mon grand-père ne voulait pas avoir de problèmes avec les Sans Entrailles. »

Résumé

Racontée par un personnage chien, cette histoire met en évidence les conséquences de l’inertie sociale et politique devant de graves injustices.  Le grand-père du narrateur, lui aussi un chien, assiste passivement aux méfaits des Sans Entrailles à l’encontre des autres animaux.  Les Sans Entrailles ne tolèrent rien qui déroge de leurs croyances et convictions.  C’est ainsi qu’ils éliminent, emprisonnent renards, coyotes, fennecs, loups et finalement les chiens.

Commentaire

  • L’histoire est inspirée du poème écrit par Martin Niemöller, un pasteur qui a survécu aux camps de concentration.  Ce poème présenté à la fin de l’album exprime sans détour ses regrets de ne pas avoir agi face aux nazistes.  Son texte paru vers 1950 est d’une telle actualité qu’il est justifié de présenter l’album en classe du 3e cycle du primaire.  Plusieurs discussions et recherches documentaires seraient favorables au développement du sens critique des élèves.
  • Cet ouvrage provoque de nombreuses émotions et questions. À la fois par le texte et les images, le lecteur perçoit et ressent la profonde injustice des situations relatées.  Cette force narrative est une grande qualité. Poulin avait l’intention de dénoncer nos pouvoirs politiques et y réussit parfaitement.
  • L’expression Sans Entrailles pour désigner les oppresseurs est reprise très souvent.  Ces mots percutants révèlent clairement le manque d’humanisme des gens qui se rangent du côté de la cruauté et de l’injustice.
  • L’auteure interpelle régulièrement le lecteur ainsi : « Tu me demandes pourquoi mon grand-père n’a rien dit? » Ce procédé habile rejoint la pensée du lecteur et chaque fois, la réponse déconcerte.  La peur, l’impuissance et l’indifférence caractérisent les attitudes du grand-père Chien.  Le sort qui lui est réservé à la fin est triste, mais comment en aurait-il pu être autrement?  « Quand les Sans Entrailles sont venus chercher mon grand-père, il ne restait personne pour le défendre. »
  • Les illustrations de Casson sont d’une expressivité remarquable.  Les couleurs, l’allure des animaux et les détails de la composition font comprendre au lecteur l’enjeu de chacune des scènes. 
  • Le recours à des personnages animaux pourrait atténuer la dureté du message.  Cependant, les nombreuses références faites par Poulin au fil de sa narration ne laissent aucun doute.  Il s’agit bien d’histoires subies et dirigées par des êtres humains.  Heureusement, la toute dernière double page, sans texte, laisse un message d’espoir et d’humanisme.  Les animaux se tiennent par la main, debout.  Une chaîne de résistance se lève ?