« Malgré la nuit, Rio jeta un œil par-dessus bord.  Et, à la lueur de la pleine lune, il aperçut son image.  Une version plus mûre et plus courageuse du garçon qu’il avait été. 

Il eut le sentiment que l’océan s’était glissé à l’intérieur de lui et lui avait transmis sa force et son énergie pour affronter les épreuves à venir.  Alors que la tempête grondait au loin, que le ciel zébré d’éclairs passait du noir au bleu, du bleu au mauve, il ressentit un choc. Il n’était pas venu jusqu’ici uniquement pour sauver une baleine. Il était en chemin pour découvrir qui il pourrait devenir. »

Rio, un garçon dont la mère souffre de dépression sévère, doit quitter Londres pour aller vivre quelque temps chez sa grand-mère maternelle en Californie. Rio connaît très peu cette femme, ce qui rend la séparation d’avec sa mère encore plus difficile.  Peu à peu, Rio développe un intérêt pour l’océan et pour les baleines grâce à Marina, une fille dont le père est le propriétaire d’un bateau destiné à l’observation des baleines.  À l’insu de Rio, cet intérêt grandissant le rapproche de sa mère qui était elle aussi éprise des baleines. Peu à peu, il accorde sa confiance à sa grand-mère, ce qui est d’un grand réconfort pour tous les deux. Plus profondément encore, le garçon se découvre lui-même au travers des péripéties qu’il vit avec Bec blanc, une baleine en détresse.

• Le désarroi de Rio qui vit depuis longtemps avec une mère fragile bouleverse le lecteur. L’auteure dépeint les sentiments et les pensées de l’enfant avec retenue en prenant grand soin de bien choisir ses mots. Rio est un garçon refermé sur lui-même, mais qui, et c’est la force du roman, évoluera rapidement et dans des circonstances qu’il perçoit d’abord comme une autre épreuve. Cet éloignement imposé de sa mère le force à s’ouvrir et les bénéfices ne se font pas attendre.

• Mystifié, l’océan devient un lieu de découvertes et d’apprentissages pour Rio. Sans cesse, la beauté côtoie le danger. L’océan est une magnifique allégorie des épreuves et des joies que réserve l’existence aux êtres humains. Les dimensions insondables de l’océan imposent le respect et l’admiration.

• Les descriptions des animaux marins, des mouvements de l’eau, des teintes des éléments naturels abondent et nous transportent dans l’aventure de Rio. Le style évocateur de l’auteure stimule notre imagination.

• Le lien que crée Rio avec la baleine nommée Bec Blanc lui fait vivre des péripéties invraisemblables – l’auteure ne s’étant pas privée de fantaisie – ce qui est à la fois déconcertant et amusant.  La magie s’invite dans ce récit à forte teneur psychologique.  La note de l’autrice à la fin précise bien les limites réelles qu’impose le fait d’approcher des baleines.

• Les relations entre les personnages sont importantes. Tous ceux qui entourent Rio l’aideront chacun à sa façon à grandir et à prendre de la maturité. La relation de la grand-mère et de Rio est particulièrement prenante, car les deux parviennent à dépasser leurs peurs et leurs inhibitions. Leur tristesse par rapport à la maladie de la mère de Rio pourra enfin s’exprimer librement.

• Bien que la fin soit heureuse, l’état de santé de la mère du protagoniste demeure fragile. Les liens familiaux resserrés et nouveaux devraient lui permettre de mieux vivre.

• La préoccupation de l’auteure pour la protection des baleines est en trame de fond.  Le lecteur y apprend quantité d’informations qu’il peut enrichir grâce aux liens et associations donnés à la fin du livre.

• Un très beau roman d’initiation tout à fait conforme au genre. L’œuvre suscite de la réflexion et de l’espoir.  L’auteure explore avec sensibilité les questionnements des jeunes face à l’avenir et au monde des adultes. Rio et la baleine perdue s’inscrit dans le sillage d’April et le dernier ours analysé également sur notre site, premier titre de l’auteure.