« Une fois certaine que ses parents s’étaient éloignés, Camille ouvrit un œil, puis l’autre, et regarda autour d’elle. Si ses parents pensaient qu’elle allait s’endormir tranquillement, c’est qu’ils n’avaient rien compris à leur fille. On lui cachait quelque chose? Parfait! Elle adorait les mystères et, par-dessous tout, elle adorait résoudre les énigmes, comprendre ce qui paraissait incompréhensible. Pour commencer, elle décida de faire ce qu’elle n’avait jamais fait : fouiller dans les affaires de ses parents […] »

Camille est une petite louve exemplaire. Cette première de classe épate la galerie avec sa vivacité d’esprit hors du commun. L’école est pour elle un lieu de rayonnement jusqu’au jour où son professeur de chasse donne un devoir plus difficile qu’elle ne l’avait escompté : faire le portrait de son grand-père. Elle qui n’a jamais connu son aïeul demande de l’information à ses parents. À sa grande surprise, ils évitent de lui répondre. Voilà qui n’augure rien de bon sur la mystérieuse identité de ce grand-père. Ne reculant devant rien, la jeune louve remontera à ses origines et fera une terrifiante découverte.

− L’humour espiègle de Valérie Zenatti rend le texte des plus pétillants. En effet, on se délecte des blagues bien choisies qui flattent l’intelligence du lecteur. Les précisions qu’ajoutent l’auteure entre parenthèses sont particulièrement drôles : « Camille est excellentissime. Elle fait honneur au peuple des loups. On se demande jusqu’où où où elle ira. (Le directeur, fidèle à ce qu’il croyait être son sens de l’humour, avait insisté pour mettre trois fois «où». Les professeurs ne l’avaient pas contrarié sur ce point. Ils tenaient tous à leur travail : un rude hiver s’était abattu sur la forêt du bois d’Ennui. À l’école, au moins, on avait un peu chaud.)»

− L’intrigue est bien échafaudée et fait appel au sens de déduction du lecteur. En effet, plusieurs indices le mènent peu à peu à réaliser que le grand-père de Camille, Auguste Black, est le Grand Méchant Loup. Pour élucider le mystère, la petite louve ira même jusqu’à rencontrer le Petit Chaperon rouge maintenant devenue une adulte. Une découverte fort amusante pour le lecteur qui attend impatiemment la rencontre de la petite louve et de son grand-père, ce grand vilain de tous les temps.

− C’est un Grand Méchant Loup doux, paisible et repentant (après avoir purger sa peine en prison pour assassinat) qu’elle retrouvera sur son chemin.  Voilà une vision bien surprenante de ce vilain qui amorce une réflexion sur la réhabilitation sociale d’un criminel de longue date.

− Les références aux grands classiques de la littérature sont brillantes et ajoutent de la profondeur au récit : « Auguste raconta à Camille, en lui faisait promettre de garder le secret, que monsieur Leroux avait également fait de la prison, après avoir détruit une maison en paille et une en bois appartenant à deux cochons. »

− Un roman captivant et humoristique qui donne une vision bien rafraichissante du Grand Méchant Loup, qui après tout n’est plus si « méchant »!